Journal intime d'une femme de militaire

Fatigue, alcool, bonheur où malheur?

Les jours qui ont suivis ce rencard étaient riches, autant en alcool qu’en émotions. Je partais du principe que du fait qu’il ne resterait plus très longtemps, il fallait que je profite un maximum de lui.
S, avec qui j’étais lorsque je l’ai rencontré, a participé à toutes nos soirées partagées, c’était fort intense.

La fois d’après notre rencard, il m’avait proposé un ciné, il a dit qu’il fallait qu’il récupère un véhicule, qu’il ne savait pas encore si ça allait fonctionner mais il allait faire au mieux. J’étais comme une gosse, en attendant la sentence. J’avais déjà sélectionner le film, Sauver ou Périr, avec Pierre NINNEY.
"Est-ce que tu peux ramener une copine à toi ? Pour avoir un véhicule je dois venir avec un collègue"
Merde.

C’était pas au programme ça, j’imaginais le cinéma à deux, où enfin nous échangerions un baiser langoureux, et sobre qui plus est.
J’ai alors proposé à S, qui a de suite accepté, elle fantasme sur les militaires, alors pour elle, c’était juste tellement benef d’en rencontrer un et d’envisager de passer la nuit avec.

Etrangement, avec lui, je ne pensais pas à me faire sauter, pas comme avec les d’autres, il faut savoir que j’avais énormément profité avant notre rencontre. Je voulais juste passer du temps avec lui, et profiter du peu de temps qu’il nous restait.

J’ai donc rejoint S, et attendu les deux militaires qui feraient de nos prochains jours un bonheur inouï.

A peine arrivé, nous avons été faire un billard. Ces moments étaient différents de notre rencard du marché de Noël. Elle était là la drague, les moments parfaits de deux personnes qui se cherchent.
Les regards qui se croisent, les sourires qui se mélangent. Tout était calculé pour me faire craquer.
Je le trouvais incroyablement beau, sexy, marrant, et tous ces adjectifs qui pourraient presque le définir comme parfait.

S s’entendait plutôt bien avec le collègue qui l’accompagnait, que nous appellerons C.

A un moment de la soirée, après plusieurs échanges de sourires, mon mili m’a proposé de sortir prendre l’air, tous les deux.
Je crois que mon cœur a fait un bond.

Nous avons fait le tour du parking, dans le silence pour commencer, il a fini par s’arrêter, et par demander LA question "Qu’est-ce que tu attends de moi M ? Qu’est-ce que tu veux vraiment?"
SILENCE
"Tu sais que je suis militaire, je peux pas envisager une relation pour le moment, nous habitons trop loin l’un de l’autre"
SILENCE, je m’attendais à ça honnêtement, j’avais discuté avec son collègue dans la soirée, et il m’avait dit que mon mili n’envisageait aucune relation pour le moment, pas avec son métier.

Je lui ai dit que je n’attendais absolument rien, que je voulais juste profiter du moment présent.
C’est là qu’il a choisi pour s’approcher, m’attraper les épaules, et poser ses lèvres sur les miennes.
Ce baiser, je m’en souviendrai toute ma vie, parce qu’à ce moment la seule chose que je me suis dite c’est " Dans quelle merde est-ce que je me suis mise encore ? "

Nous avons les jours qui ont suivis passer nos soirées ensemble, parfois une partie de la nuit, à faire la fête, s’embrasser, faire la fête picoler. S et C nous suivaient dans nos moments, et c’était juste tellement parfait.

Je dormais peu, j’arrivais au travail ou en cours complètement décalquée, mais ça m’importait, je voulais profiter du peu de temps qu’on m’offrait avec lui.

Je me souviens d’une soirée, ou nous avons acheter un énorme pack de bières avec S, où C et mon mili allait nous rejoindre chez elle avec deux énormes bouteilles de champagnes.
Je me souviens de cette soirée là, parce que c’est là que nous avons franchi ce pas.
C’était je pense, une semaine après notre baiser sur le parking.
S et C étaient fin bourrés, pas moi cette fois, j’étais extenuée par toutes ces soirées et l’alcool ingurgités, j’était couchée, et mon mili s’était couché à côté de moi.
Cette fois là, les baiser était plus fougueux, plus intense, et je nous rejoins dans la salle de bain de S, sur son lavabo, lui torse nuit, moi en soutien gorge.
Il m’avait regardé comme pour me demander si j’étais sûre. Et je me suis perdue dans ses bras, dans son corps.
Dans mes souvenirs, c’était pas la meilleure partie de jambes en l’air que j’avais eu, c’était rapide, maladroit, je pense qu’il n’avait pas énormément d’expériences, mais ça a rendu la chose tellement mignonne.

Et il y a eu ce fameux rendez-vous, où tout a basculé, ou je me suis dis que j’étais sérieusement dans la merde.
Il m’avait proposé à nouveau un cinéma, celui qu’on avait pas pu se faire, et cette fois, rien que nous deux.
Je l’ai rejoins au régiment, il m’a récupéré dans un véhicule Vigipirate, je me soutiens avoir rougi presque tous le long du trajet.
Avant le début du film nous avons été boire un verre, et c’était juste incroyable, parce qu’à ce moment là, j’ai découvert une nouvelle facette de lui.

Nous étions assis côte à côte, et nous avons parlé, beaucoup parlé, de nos vies, de nos habitudes, mais surtout de notre passé.
Je me souviens de tout ce soir là, de la façon dont il me l’a annoncé, de sa voix tremblante, de ses yeux triste, mais surtout, de ses larmes qui ont roulées sur sa joue.
Ce soir là il m’a annoncé une épreuve de sa vie qu’il a vécue, une épreuve qui je pense, change un homme, et sa famille, il m’a parlé qu’à 11 ans, la figure paternelle qu’il avait a pris une décision tellement égoïste, qu’encore maintenant il ne comprends pas, il m’a parlé que sa vie a bousculé du tout au tout à ce moment, que lui son frère et sa maman ont du quitter la Haute Savoie après cette épreuve. Qu’il en veut énormément à son père d’avoir pris la décision de partir de notre monde.
J’ai rien dit à ce moment là, j’ai essuyé ses larmes, et je l’ai pris délicatement dans mes bras.

Ce soir là, il a appris le harcèlement scolaire que j’ai vécu durant de long mois, il a appris le divorce de mes parents, mon passé compliqué avec les hommes.
Moi j’ai appris son adoption (mon mili est vietnamien), la mort de son père, son accident avant son entré à l’armée.

Mais ce soir là, autant lui que moi, nous avons appris qu’une relation "juste comme ça" allait être beaucoup trop compliquée, et que l’amour ne se calculait vraiment pas.
Ce soir là, je suis rentrée, et j’ai pleuré de longues minutes dans mon lit, en me disant que je n’aurai jamais du le revoir et qu’encore une fois, ma vie était injuste.