Le jour du commencement.
Suz était à la maison pour interroger ma mère sur son passé, pour son mémoire d’étude. C’était un jeudi banal, le 23 novembre 2018 pour être exacte.
Il était convenu qu’elle fasse son interview et qu’elle rentre chez elle directement après, dans son studio au centre ville.
Elle et moi n’étions pas extrêmement proche, c’était l’ex d’un ancien ami à moi, nous avons pas souvent partagé des soirées.
Mais ce jour là, sous la douche, j’avais envie de sortir, d’aller faire la fête. Ignorant la fatigue qui s’en suivrait le lendemain, j’avais envie de revivre les soirées que je faisais des mois en arrière. Je lui ai donc proposé, de sortir faire la fête, sans penser un instant à galocher où coucher avec un mec, je voulais juste profiter d’une soirée avec une copine.
C’est donc comme cela que nous avons pris le bus pour aller à ce que je pourrais appeler mon QG de l’époque.
Je crois qu’en rentrant dans le bar, je n’ai vu que lui. Un asiatique comme j’ai toujours aimé, face à 3 grands verres de picon, sur la haute table. Rien autour n’existait, il n’y avait que lui.
J’ai dit à Suz quelque chose comme c’est lui que je veux, je ne m’en souviens pas vraiment.
S’en est suivi une soirée alcoolisée, où je passais la plupart de mon temps à l’admirer dans l’ombre. Il était avec des amis à lui, partais parfois fumer, me faisant croire qu’il partait et que ma chance partait avec lui.
Suz n’arrêtait pas de me dire d’aller lui parler, parce que je savais que parfois, il me regardait aussi.
Je crois que c’est seulement à partir du moment où j’étais ivre, que je me suis mise à danser dos à lui, il s’approchait progressivement, c’était assez marrant quand j’y repense.
Ses premières paroles, je m’en rappellerai toute ma vie, une musique que j’appréciais moyennement a raisonné dans le bar, je me suis arrêtée de danser, et il a dit "Il faut danser s’amuser, il faut pas faire la tête".
Encore maintenant, j’ignore comment nous avons fini devant le bar, à discuter en enchaînant les cigarettes, à rigoler.
"Je suis soudeur chaudronnier".
Hm d’accord, j’ignorais à ce moment ce qu’était ce métier, mais qu’importe. Nous avons parlé de nos vie respectives, il me troublait beaucoup.
La voix de son collègue retentit encore dans ma tête "On est militaire".
Pour expliquer, il ne voulait pas dire son véritable au métier, car beaucoup de filles croient les militaires comme des "charots" sautant sur n’importe quoi.
Je pensais les militaires comme ça aussi pour être honnête, mais lui était différent.
Le bar a fermé ses portes, mais c’était impossible de terminer la soirée comme ça, j’ai supplié Suz de trouver une solution après avoir fini devant les portes close de la boîte de nuit.
La soirée a donc terminé à 4, chez elle.
Nous étions sur le toit tous les 2, à continuer de discuter.
La conversation était souple, marrante, sur le moment je pensais que cette histoire finirait par un coup d’un soir, comme tous les mecs rencontrés en soirée.
Nous nous sommes embrassés, une fois, puis deux, puis trois sûrement je ne les comptais plus.
Il n’avait pas de gestes déplacés il était très respectueux.
Il a pris ma brosse à dents pour se brosser les dents. Puis vers 4h30, ils ont décidé de rentrer au régiment.
Il était en mission Sentinelle, une OPIN, opération intérieur dans le langage, il était dans ma ville jusque 6 décembre.
A son départ nous avons échangés nos Facebook, mais pour moi c’était une certitude, les choses n’iraient pas plus loin et cette soirée ne serait plus qu’un lointain souvenir…